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Le développement du commerce en ligne a de nombreux impacts et des coûts cachés pour l’ensemble de la collectivité. L’année dernière, un million de colis ont été livrés à domicile par jour. Les conséquences économiques et sociétales de ce mode de consommation sont plus que néfastes : fermetures de magasins, friches commerciales, disparition du lien social, etc. Leurs nuisances sur l’environnement sont également indéniables : suremballages, pollutions atmosphérique et acoustique, usure et encombrement du réseau routier. Par souci environnemental, une majorité des e-acheteurs français (54 %) a déjà modifié ses habitudes de consommation en se déclarant même à plus de 60 % sensibles à l’impact écologique de leurs livraisons e-commerce, et ce quel que soit leur âge.
Dans ces conditions, il apparaîtrait écologiquement et économiquement pertinent d’appliquer sur le prix des produits livrés à domicile une éco-participation dont le montant serait proportionné à la valeur de l’achat effectué. En seraient dispensées les livraisons effectuées en point-relais ou en magasin afin d’inciter le consommateur à adopter un comportement citoyen et responsable. De façon à ne pas pénaliser les habitants de zones éloignées d’un lieu physique de collecte, les livraisons à domicile au sein de celles-ci seraient exonérées de la taxe en question. Cette dernière serait aisément collectée par les vendeurs, comme cela se pratique déjà pour la TVA. Une telle mesure a été proposée sous forme d’amendement par plusieurs députés trans-partisans dans le cadre de l’examen du PLF en première lecture à l’Assemblée Nationale. Il semble que le gouvernement s’y soit malheureusement opposé.
Certes, on sait que l’air du temps n’est guère politiquement favorable à de nouveaux impôts. Mais une fiscalité équitable est une fiscalité qui sait s’adapter à l’évolution de la société. Or, la prise de conscience populaire sur l’écologie est avérée, particulièrement chez les jeunes des générations Y et Z. A l’heure d’un commerce devenu « phygital », il ne s’agit pas de s’opposer à l’e-commerce mais bien de compenser le fait que ce dernier représente un impact écologique 25 fois supérieur au commerce physique. Proposer une éco-participation incitative et non coercitive, c’est laisser à nos consommateurs-citoyens le choix d’aller chercher leurs commandes en magasin, ou bien de se faire livrer à domicile et assumer dans cette hypothèse l’impact écologique d’une livraison au dernier kilomètre.
Gontran Thüring, Délégué Général, CNCC – Conseil National des Centres Commerciaux
Publié le 23 novembre 2019 dans Les Echos.
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